La nature est bien faite
On a coutume de dire que la nature est bien faite. Je partage pleinement cette maxime pour certaines choses de la vie (le corps humain et toutes ses merveilleuses fonctions, les animaux et leur comportement, la multitude de couleurs, de senteurs, de saveurs, de matières dont la nature est pourvue, etc.) mais en ce qui concerne la nature humaine, je me questionne…
Outre toutes les vicissitudes largement déployées par une pléiade d’êtres humains, outre leurs actes barbares, abjectes, ignobles, incompréhensibles pour mon cerveau de femme bien née et bien élevée (merci la chance, merci papa et maman), outre tout ce mal dont est capable l’Homme, je me questionne plus modestement, à mon niveau, dans ma petite vie de privilégiée : pourquoi suis-je si souvent déçue par les gens ?
Après analyse de ladite problématique, j'ai listé plusieurs réponses :
L’être humain est vraiment loin des valeurs qu’il porte et des idéaux qu’il défend. Il est décevant parce qu’il n’est pas en adéquation avec ce qu’il prétend être ou ce que la société nous incite à croire qu’il est. Cette hypothèse m’inclut donc dans ce schéma social qui nous dépasse. Solution : trouver une autre hypothèse plus encline à être solutionnée rapidement.
J’attends trop de mes congénères, des cons qui génèrent chez moi de la déception à plus ou moins grande échelle. C’est le désenchantement ; la bonne nouvelle étant qu’il est aisé de remédier à ce problème en revoyant tout simplement à la baisse ses espoirs ou ses attentes par rapport à autrui. C’est un exercice qui demande de l’entrainement mais qui reste à ma portée.
Mon attention se porte davantage sur les autres que sur moi et j’en oublie qu’il est tout à fait possible que les autres se disent la même chose de moi… Ne suis-je pas moi aussi décevante aux yeux de certains, à certains moments ? Sans nul doute… Mon égo et moi n’aimons pas cette théorie mais ma franchise et moi devons bien nous rendre à l’évidence : c’est fort probable. Si je prône la justesse, je me dois de l’être aussi vis-à-vis de moi-même. L’auto-critique peut avoir du bon.
Je muris (autrement dit je vieillis), plus les années passent, plus je suis confrontée à la réalité et à son lot de déceptions, signe que je suis définitivement sortie de l’enfance et de sa douce candeur que j’admire tant. Je trouve cela tellement formidable, cette capacité qu’ont les enfants de s’émerveiller de choses qui, avec l’âge, nous semblent ensuite familières, banales. Pourvu que je ne devienne pas une vieille aigrie !
Je me pose trop de questions et m’attarde trop sur mes ressentis. Que faire ? Changer ? Aucune envie car mes ressentis font de moi ce que je suis, ils m’aident à comprendre le monde et les personnes qui le composent, ils me guident dans mes choix et dans les étapes de ma vie, ils me prouvent à chaque instant que je suis vivante. Quelle chance !
Quand je suis face à ces déceptions humaines, j’essaie de me concentrer sur ce que j’appelle « des petits riens qui font du bien ». Des attentions inattendues, des petits gestes emprunts de sensations positives, des paroles sincères qui font plaisir, des échanges positifs avec d’autres, une amitié bienveillante, etc. Comme ma moitié qui, ce midi, voulait me préparer un bon petit plat pour que je mette les pieds sous la table lorsque je rentre. Certes, il avait oublié que je ne rentrais pas déjeuner, mais qu’importe, l’attention était là et elle m’a touchée. Merci mon amour (chéri, si tu lis cet article, il n'y a rien d'ironique, j'étais vraiment touchée ;-).
Qu'on ne s'y méprenne pas, je ne vis pas que des déceptions, loin de là et fort heureusement ! Ma vie est bien plus souvent jalonnée de belles rencontres, d'échanges positifs et enrichissants, de jolies surprises qui vous font très vite oublier les petites déceptions (vous en aurez d'ailleurs certainement un aperçu à travers d'autres articles sur ce blog). Il paraît qu'on a tendance à mettre de côté les mauvais souvenirs pour ne garder que les meilleurs. La nature est bien faite... On ne le dira jamais assez !
